Apostumes
Domaine : Français

Apostumes

Jean-Luc Sarré

Format : 117 x 170 mm
248 pages

ISBN : 978-2-35873-116-4

Mise en vente : 24 octobre 2017

15,00€

« De cancre à cancer, il n’y avait qu’un pas, je l’avais depuis longtemps présagé. Ce pas franchi, il s’accompagne aujourd’hui d’un indécollable et fâcheux anagramme.
De notules à nodules, encore un autre pas.
Apostume (plus familier qu’apostème) est tout aussi charmant, avec son faux air d’apostille posthume. »

Tout est dit, ici, des circonstances de ces nouvelles pages de carnets de Jean-Luc Sarré, et sur le choix du titre : « apostume » appartient à l’ancien vocabulaire médical et désigne « un abcès, une tumeur purulente » (il est encore employé par Giono).

Face à la maladie, à ses contraintes (le misanthrope contraint d’appartenir au « pitoyable cénacle » de l’hôpital), le jeu sur les mots, l’humour (noir ?) est un moyen de tenir à distance et d’apprivoiser la réalité. Pour paraphraser Jean Roudaut parlant des poèmes de Sarré, savoir dire permet de préserver une intimité.

Tout ce qu’Éric Chevillard notait à son propos, et à propos des « carnettistes » en général (Chamfort, Lichtenberg, Perros) est comme accentué dans ces nouvelles pages : « une relation critique, pour ne pas dire conflictuelle, à soi et au monde, une mélancolie tenace, un peu complaisante sans doute et proche de la délectation morose, une mauvaise humeur entretenue comme le feu sacré par les Vestales, un humour sombre, mais aussi une sensibilité aux détails et une attention au monde qui font de ces misanthropes autoproclamés des spectateurs aussi souvent attendris que railleurs de la comédie humaine. L’écriture en l’occurrence est un soin délicat prodigué d’une main sûre, le mot veille sur la chose qu’il nomme, il la préserve… »

Certes, la maladie, la fatigue rendent parfois plus difficile « de glaner quelques bribes de réalité » (« Je n’avais pas vraiment mes yeux », confie-t-il à un moment), mais cette perte est comme compensée par un surcroît d’alacrité face au spectacle de la comédie humaine. Pas seulement celui de l’hôpital, d’ailleurs, les pages consacrées à un séjour à la plage sont parmi les plus féroces : « Finalement, c’est comme si mon acrimonie m’avait rendu un peu de ce regard dont je m’estimais privé », écrit-il alors.

Il semblerait même que les jours où il est plongé malgré lui dans « l’inqualifiable » soit aussi propice à laisser percer, entre parenthèses, chez le râleur proclamé, la tendresse, la sympathie profonde que peuvent aussi lui inspirer ses compagnons d’infortune. Ainsi après un dialogue avec une vieille dame, qu’il transcrit fidèlement, il note : « “Ne me laissez pas seule”, faut-il comprendre. J’aime bien cette petite vieille, c’est sa vieillesse que je crains de coudoyer. Si j’en ai le courage, demain, j’irai, sans franchir le pas de sa chambre, lui adresser un signe de la main. »

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